Concevoir un bâtiment bioclimatique

L’ADEME, le Conseil départemental de Mayotte et Électricité de Mayotte (EDM) ont travaillé de concert pour éditer la Charte Mayénergie.

Sommaire du dossier

Programme Mayénergie® : retour d’expérience sur 10 opérations de logements

Plus de 10 ans après sa mise en place, un bilan a été réalisé afin d’évaluer ce niveau de performance énergétique et proposer des pistes d’amélioration pour renforcer la qualité environnementale des bâtiments.

L’ADEME Réunion-Mayotte a créé la charte de conception Mayénergie® en 2009, améliorée en 2013 (Mayénergie Plus®). Cet outil cadre les orientations (dans une démarche volontaire) à appliquer pour atteindre la performance énergétique et environnementale dans les bâtiments et permet de réaliser des simulations de performance énergétique en phase conception. La mise en place d’une réglementation thermique (RTAA) a terme à Mayotte laisse entrevoir une nécessité d’évolution de l’outil.

Dans cette perspective, l’ADEME a souhaité réaliser un bilan et un retour d’expérience des bâtiments qui ont suivi le programme Mayénergie® et Mayénergie Plus® depuis sa création.

Le retour d’expérience des programmes Mayénergie® et Mayénergie Plus® a été obtenu grâce à l’instrumentation et la réalisation d’une enquête de confort sur 10 opérations de logements construits par la Société immobilière de Mayotte (SIM) depuis 2011.

L’ambition de l’étude réalisée est de pouvoir mieux comprendre le fonctionnement thermique et énergétique des bâtiments afin de proposer des aménagements et des solutions conduisant à une qualité environnementale (économies d’énergie, confort…) de la façon la plus pertinente et la plus adaptée qui soit.

La mission d’analyse des 10 opérations de logements Mayénergie a consisté en :

  • une enquête pour connaître les usages des ménages et évaluer le confort des occupants au sein de leur logement. Cette enquête a été réalisée sur un échantillon de 36 logements parmi le parc de 207 logements des 10 opérations. Cet échantillon a été constitué sur la base d’un taux de sondage homogène de 14 % minimum par opération (soit 3 à 6 logements enquêtés par opération) ;
  • une instrumentation thermique et énergétique de 6 semaines pendant la saison chaude. Cette instrumentation a eu lieu du 26 mars au 2 mai 2019, 21 logements ont été instrumentés pendant la première campagne de mesures ;
  • une instrumentation thermique et énergétique de 11 semaines pendant la saison fraiche. Cette instrumentation a eu lieu du 12 juillet au 2 octobre 2019, 20 logements ont été instrumentés pendant la deuxième campagne de mesures.

Voici les recommandations ou prescriptions qui découlent de ce travail :

Retour d’expérience à destination des décideurs

Connaissance des conditions climatiques du territoire

  • importance de la fiabilité des données météorologiques dans l’évaluation du confort pendant les phases de conception ;
  • besoin d’avoir une meilleure connaissance des conditions climatiques mahoraises (plusieurs fichiers météo en différents sites du territoire avec à minima les données horaires sur une année de température, d’humidité, de force et de direction du vent et de rayonnement global).

Équipements électriques

  • régulation de l’importation des équipements frigorifiques pour interdire l’importation des équipements les moins performants.
    Nota : la consommation des réfrigérateurs peut aller du simple au triple selon le volume, l’efficacité énergétique, la maintenance et l’utilisation des systèmes ;
  • aide aux ménages en difficulté pour remplacer leurs équipements frigorifiques par des systèmes performants ;
  • attention à l’effet rebond lors du changement des équipements frigorifiques et veiller à ce que le volume de ces équipements n’augmente pas lors de leur remplacement.

Sensibilisation de la population

  • campagne de sensibilisation sur l’efficacité énergétique des équipements, sur le choix des réfrigérateurs (en particulier le volume de ces équipements et la production de glaçons) et sur le fait de ne pas multiplier le nombre de réfrigérateurs et de congélateurs dans les logements.
    Nota : la production de glaçons double en moyenne la consommation annuelle du réfrigérateur ;
  • campagne de sensibilisation sur l’importance de la ventilation naturelle et l’usage des brasseurs d’air dans les logements.

Retour d’expérience pour les concepteurs de logements

  • importance de la végétalisation des abords des bâtiments pour diminuer la température et le rayonnement ;
  • tenir compte des besoins d’intimité des occupants ainsi que de la sécurité des logements pour l’implantation des ouvertures ;
  • éviter de construire des logements en rez-de-chaussée donnant directement sur la rue ;
  • prévoir des brasseurs d’air performants dans l’ensemble des chambres et dans les séjours (diamètres supérieurs à 120 cm).

Retour d’expérience pour les utilisateurs

  • ne pas obstruer la ventilation naturelle (meubles, rideaux opaques) ;
  • utiliser la ventilation naturelle nocturne pour décharger les surchauffes du logement ; 
  • utiliser les brasseurs d’air pour diminuer la température ressentie des occupants.
    Nota : un brasseur d’air a une consommation électrique équivalente à celle d’un ventilateur sur pied, mais permet de brasser l’air sur une plus grande surface ;
  • éviter ou limiter l’utilisation de la climatisation, choisir des températures de consigne convenables (supérieures à 26 °C) et utiliser les brasseurs d’air en même temps que la climatisation ;
  • choisir des équipements frigorifiques performants et de taille raisonnable en fonction du nombre d’occupants :
    • entretien : dégivrage, nettoyage de la grille d’aération, vérification que la ventilation arrière est correcte, localisation de l’équipement (éloigné de sources de chaleur : soleil, four, cuisson),
    • utilisation : attendre que les aliments refroidissent avant de les placer au réfrigérateur, couvrir les liquides et mettre sous sachet les légumes, car l’évaporation de l’eau demande un effort au moteur du frigo, limiter le nombre et la durée des ouvertures de la porte,
    • remplissage du réfrigérateur : plus un réfrigérateur est vide, plus il consomme d’énergie. Dans un réfrigérateur plein, la température varie moins lors de chaque ouverture de porte ainsi le compresseur se déclenche moins. Attention, dans un réfrigérateur trop plein, l’air a du mal à circuler et la consommation repart à la hausse.

Nota : la production de glaçons double en moyenne la consommation annuelle du réfrigérateur.

Consulter le rapport final de l’étude des retours d’expériences du programme Mayénergie® et MayénergiePlus®